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Dzao Tiên - Nord Vietnam.

1-La tenue traditionnelle

​Chez les femmes Dzao Tiên, le tissage de fines broderies en relief est un art traditionnel, transmis en héritage. Véritable patrimoine générationnel, le brocatelle contribue à l'identité culturelle de l'ethnie Dzao Tiên.

 

Au quotidien, la tenue traditionnelle de la femme Dzao Tiên est constituée : d'un fichu blanc de 3m de long, brodé de motifs essentiellement géométriques, d'une blouse, d'une jupe longue, de base noire et indigo, plus ou moins galonnées et brodées, d'une longue ceinture de 2m et de jambières blanches, du célèbre collier sur lequel sont fixées 7 ou 9 sapèques (1), une ancienne monnaie chinoise et indochinoise, en usage jusqu'au début du XXe siècle.

La tenue d’apparat, ne semble pas posséder d'attributs vestimentaires supplémentaires. Elle est surtout plus chamarrée, les broderies et galons y sont en plus grand nombre et plus sophistiqués.
Le fichu adopte pour l'occasion une base noire et indigo, orné de franges rouges, parfois de perles et petites pièces d'argent cousues. La blouse, la jupe longue, sont toujours de base noire et indigo, les fermetures et les manches sont décorées avec des ornements en argent, les bijoux sont plus nombreux, fastueux et ostentatoires.

 

Comme dans de nombreuses ethnies, les couleurs, les motifs et les symboles peuvent varier en fonction de la tribu, du clan, du village ou de la situation sociale du propriétaire. Ils constituent l'illustration de différences, à la fois des signes de reconnaissance et marques de distinction. De véritables signes d'identité ethnique.

Il est de coutume pour une jeune épouse Dzao Tiên qui débute sa vie conjugale, de porter les vêtements confectionnés l’année précédant le mariage et les précieux bijoux d’argent de sa dot.​

2-Le laquage des dents.

​Le laquage des dents est une tradition ancestrale. Cette coutume commune aux deux sexes, mais plus pratiquée chez les femmes, était en usage dans de nombreux pays d’Asie (Chine, Vietnam, Laos, Thaïlande, Cambodge, Japon, Malaisie, Indonésie, Philippines...).

La technique du laquage des dent faisait l’objet de codification. Les méthodes, les couleurs (2) et produits employés étaient spécifiques à chaque peuple.
Plusieurs raisons sont avancées pour expliquer la pratique du laquage des dents, selon la croyance populaire, une fonction hygiénique et prophylactique contre l'halitose, les caries et affections bucco-dentaires, une fonction protectrice contre l'action corrosive du bétel et un critère esthétique traditionnel (3) ou une fonction sociale (4).

 

Au Vietnam, comme dans les autres pays de l’ancien Empire colonial français, le laquage des dents, majoritairement pratiqué dans les ethnies montagnardes du centre et du nord, a progressivement décliné à partir de la colonisation, pour s’éteindre dans les années 50. De nos jours on peut encore observer le noircissement dentaire chez des personnes de la troisième génération.

Bruno GOHIN 

1- Dans la tradition Chinoise les Sapèques sont le symbole de la prospérité par excellence. Dans les temps anciens, le sapèque était portée comme amulette de protection, censé protéger son porteur contre la maladie ou les esprits négatifs.

2- Les dents étaient le plus souvent noircies (par exemple chez les Moïs et les Annamites d’Annam (Vietnam actuel)) mais on trouvait également des colorations en rouge (chez les Muongs et les Thaïs du Haut Tonkin, chez les habitants du Haut Laos) ou en jaune (chez les Tho, les Mans, les Lolos du Haut Tonkin) (D’ENJOY 1898, ROUX 1905, CORBIERE 2003, LASSERE 201).

3- Cette symbolique est illustrée dans la poésie ancienne où le laquage des dents est considéré comme un trait de beauté indispensable chez la femme vietnamienne :

Mt thương tóc bỏ đuôi gà, Hai thương ăn nói mn mà có duyên, a thương má lúm đồng tin, Bốn thương răng láng ht huyn kém thua.
« La première grâce sont les cheveux hauts et attachés, La deuxième, les paroles charmantes et chaleureuses, La troisième, les joues légèrement creuses, La quatrième grâce, les dents noires et bien brillantes comme des jais... .»

 

Et le poète Hoàng Cm écrivait : Nhng cô hàng xén răng đen cười như mùa thu tỏa nắng.
« Les jeunes marchandes aux dents de jais ont un sourire aussi brillant qu’un automne ensoleillé. »

4- Dans certaines ethnies, le laquage des dents des jeunes filles, était pratiqué dès l'apparition des premières règles. S'il ne s'agit pas à proprement parlé d'un rite de passage. Dans ce contexte il possédait une dimension sociale, marquant la puberté et l'accès au statut d'adulte. Il signifiait donc un changement d'état fondamental, à savoir le passage d'un état sexuel relativement indifférencié à un rôle sexuel socialement déterminé.

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